Un parcours émotionnellement dense
Lorsque Lucie m’a proposé d’écrire un article de conseils d’auteur à propos de “Comment publier son livre”, j’ai pris le temps de lire tout le dossier déjà consacré au même sujet. Il est très complet et plein de bonnes infos et conseils ! Je me suis alors demandé ce qu’en tant qu’autrice, je pourrais apporter de plus pour accompagner les auteurs débutants à se lancer dans cette belle aventure. Un axe s’est imposé à moi : la charge émotionnelle que cela implique et à laquelle on ne pense pas de prime abord !
En effet, écrire en vue d’être publié, c’est être confronté à une multitude de questions et de choix. C’est donc cet aspect que j’aborderai, en m’appuyant sur mon expérience, en espérant que cela puisse vous intéresser.
En phase d’écriture : plaisir ou contraintes ?
Lorsqu’on est auteur, ou auteur en devenir, on écrit, encore et encore, on noircit des feuilles ou des écrans… mais pour quoi ? Parce que ça nous fait du bien, ça nous libère, ça nous permet d’exprimer plein de choses, d’explorer notre créativité… Parce que c’est un processus cathartique… Parce qu’on a des choses à dire, des messages à faire passer, des paroles à faire entendre ou de belles histoires à partager !
Chacun a ses raisons, c’est intimement lié à notre histoire personnelle, notre expérience, notre goût des lettres. Certains éprouvent un grand plaisir, d’autres accouchent de leurs textes dans la douleur.
Pour ma part, mes raisons d’écrire sont multiples, mais avant tout c’est une activité que j’aime profondément et qui me fait du bien. Ça ne veut pas dire pour autant que c’est toujours une partie de plaisir ! Lorsque l’on écrit dans un objectif de publication, la notion de contrainte entre en jeu.
Contrainte de temps, de régularité, de nombre de caractères, de genre… Obligation de se relire, de corriger son texte. Si comme moi, vous avez une petite tendance à la procrastination, ou une vie à côté très prenante, n’hésitez pas à bien vous entourer.
On imagine souvent un auteur comme un ermite enfermé dans sa grotte, mais si l’écriture peut se révéler un processus très solitaire, constituer une équipe autour de soi présente beaucoup d’avantages ! Avoir des alpha-lecteurs qui attendent avec impatience de lire la suite de votre roman vous motivera à poursuivre l’écriture. Travailler avec un correcteur vous obligera à respecter un calendrier !
Et si vous ne vous sentez pas suffisamment autonome pour gérer tout ce qui vient autour de l’écriture en elle-même, peut-être que vous préfèrerez travailler avec un éditeur plutôt qu’en auto-édition. Son rôle est de vous accompagner à chaque étape en dirigeant le travail éditorial sur votre texte.
Quand j’ai écrit Alice Online, mon premier roman, j’ai vécu 3 phases émotionnelles.
La phase d’excitation
Au départ, j’ai connu une phase d’excitation en démarrant une expérience nouvelle (participer à un concours d’écriture en ligne). Pas de pression, au contraire, seulement le plaisir d’oser, de découvrir le fonctionnement de la plateforme et surtout les premiers retours des lecteurs.
La phase de challenge
Ensuite, avec une amie virtuelle rencontrée sur la plateforme d’écriture, est venue la phase de challenge. On s’est fixé l’objectif de terminer toutes les deux nos romans avant la fin du concours. Une émulation positive nous a boostées et à chaque coup de mou, l’une était là pour soutenir l’autre. Cela nous a aidé à ne pas baisser les bras, malgré les doutes et les blocages.
La phase d’écriture sur commande
Enfin, une fois mon manuscrit remis et repéré positivement, l’éditrice m’a demandé de lui soumettre le synopsis détaillé de la suite. Elle m’a ensuite commandé l’écriture de cette suite en un temps assez limité pour en faire un seul roman, et non deux tomes comme je l’avais imaginé… Est donc venu la phase d’écriture “sur commande”, toute nouvelle pour moi qui écris avec une idée générale de la trame, mais sans plan détaillé.
Un processus moins libre et plus difficile donc, en ce qui me concerne, mais que j’ai surmonté grâce à la certitude d’être publié à l’issue !
Relecture : bonjour, syndrôme de l’imposteur !
Comme vous avez pu le lire dans les précédents articles du dossier, les corrections sont une étape incontournable de la publication. Que l’on choisisse l’auto-édition, ou l’édition traditionnelle, il faut en passer par là pour fournir au lecteur un texte cohérent, clair, propre, agréable à lire.
Côté maison d’édition, il y aura bien sûr le travail éditorial, mais il est important de faire soi-même une première phase de correction avant de soumettre son texte. Pour moi, c’est une question de respect, un gage de professionnalisme, et puis c’est aussi offrir à votre livre les meilleures chances d’être apprécié à sa juste valeur.
En effet, si le lecteur ou l’éditeur est plus focalisé sur les coquilles que sur le fond de votre histoire, il risque de passer à côté et ça serait bien dommage !
On entend souvent les acteurs, en interview, dire qu’ils détestent se voir à l’écran. Pour un auteur, c’est un peu la même chose. Relire son texte peut soit nous conforter dans l’idée que notre écrit tient la route, soit nous faire perdre confiance. En effet, il est rare de ne pas douter à cette étape.
- Pourquoi ai-je écrit ça comme ça ? Est-ce que les lecteurs comprendront tel passage ?
- Vont-ils aimer tel autre ?
- Le personnage principal est-il assez charismatique ?
- Vont-ils s’identifier à lui ?
- Au fond, le sujet que je traite mérite-t-il tant d’intérêt ?
- N’a-t-il pas déjà été traité ?
- Ne suis-je pas tombé dans le cliché ?
- La fin est-elle prévisible ?
- Mon style n’est-il pas trop simple ?
- Trop alambiqué ?
- Le temps employé est-il le bon ?
Et je pourrais continuer encore longtemps, tant les questions peuvent être nombreuses, voire envahissantes !
Au fond, c’est la question de la légitimité qui est en jeu. Qui suis-je, moi, simple humain, pour me prétendre auteur et décréter que le fruit de mon imagination ou de ma réflexion mérite d’être lu ?
A ce stade-là, il est important de lâcher prise ! Non, je ne suis pas Hugo ou Verlaine, non, je ne vendrai sans doute pas autant que Musso ou Lévy, mais j’ai tout à fait le droit de me lancer !
J’ai le souvenir d’une autrice dans mes contacts qui avait coutume de dire, qu’elle arrivait, en fin de correction, à la phase où elle détestait son texte et ne voulait plus en entendre parler…
Il est peut-être bon à ce moment-là de faire une pause, de laisser maturer un peu le texte avant de s’y replonger ! A tête reposée, on y voit souvent plus clair. Quant aux doutes, on essaie de ne pas trop y prêter attention.
Un regard extérieur peut aussi aider. Pour chacun de mes livres, je m’entoure d’une équipe de bêta-lecteurs. C’est important pour moi d’avoir leur regard, forcément plus neutre que le mien. Leurs retours m’aident à percevoir les failles de mon texte, bien sûr, et à les retravailler… Mais, même si on n’y pense pas forcément, c’est aussi un bon moyen d’en appréhender les points forts !
Petit exemple (attention, c’est le moment où je m’envoie des fleurs !!! ) :
Lors de la bêta-lecture de mon dernier roman paru, Là où l’ombre ne nous rattrapera pas, certains retours m’ont vraiment aidée à retrouver confiance dans mon texte : les petits “Whaou ces frissons :-o”, “J’adore ce choix” ou même juste un “ Oh !” ou des smileys cœur distillés ici et là en marge des chapitres… tout cela m’avait mis du baume au cœur pour poursuivre les corrections ! Sans compter les retours plus complets à la fin : “ Je viens de terminer ton roman, alors je le trouve juste fou. Très poétique et très romantique avec tous ces petits mots glissés. (…)”.
Les réactions de ces lecteurs permettent de constater ce qui fonctionne bien : les personnages auxquels ils se sont attachés, les passages qui les ont touchés, les réflexions qui les ont intéressés ou encore les rebondissements qui les ont tenus en haleine. N’hésitez pas à relire ces retours positifs, ils sont un excellent moyen de vous rassurer sur les qualités de vos écrits !
À suivre
L’attente, les doutes – Gérer les refus
Une proposition arrive : céder à la joie ou garder la tête froide ?