Élise Piker continue sa chronique sur le parcours émotionnel qui découle de la publication d’un livre et nous dévoile ses conseils sur la réaction à adopter après réception des propositions des maisons d’édition.
« Lorsque l’on se lance dans un projet d’écriture en vue d’être publié, la charge émotionnelle est particulièrement dense ! En prendre conscience permet de travailler dessus et de limiter les montagnes russes émotionnelles… En effet, le futur auteur est confronté à une multitude de questions et de choix qui peuvent vite devenir vertigineux. En m’appuyant sur mon expérience, je vous propose de décortiquer les différents aspects de cette problématique. »
La sélection de la maison d’édition
Youhou ! La lettre tant attendue est enfin arrivée : c’est OUI, une Maison d’Édition accepte de publier votre roman ! Savourez ce moment, c’est une belle reconnaissance de votre travail… à condition bien sûr que vous ayez bien fait vos devoirs en amont et sélectionné uniquement des maisons sérieuses (quelle rabat-joie… je sais !). En effet, oubliez les maisons d’édition à compte d’auteur si vous ne souhaitez pas aller de déconvenues en déconvenues. Celles-ci acceptent (à peu près) tout le monde. Et pour cause : comme elles demandent aux auteurs de payer pour être publiés, leurs clients ne sont pas les lecteurs, mais nous, les auteurs !
Comprenez : vous devrez passer au tiroir-caisse pour voir votre livre publié, sans garantie de sérieux concernant le travail éditorial, la communication et la diffusion, puisque leur but est de vous vendre leurs services et non de promouvoir votre livre auprès d’un lectorat. Bref, si la lettre d’acceptation vous parle de frais à payer ou de forfait auteur… Fuyez !
Dans tous les autres cas, vous avez le droit (et c’est même recommandé) d’effectuer une danse de la joie endiablée !
Les questions à se poser
Une fois la jubilation passée, prenez le temps de vous poser les bonnes questions :
Qu’est-ce qui est important pour moi et pour mon livre ? N’hésitez pas à échanger avec l’éditeur qui vous aura contacté pour lui poser toutes les questions qui vous semblent essentielles :
- Comment vont se passer les corrections ?
- Quel sera le délai de publication ?
- Votre livre sera-t-il publié en version numérique et/ou papier ?
- Le titre sera-t-il amené à changer ? (car oui, c’est une des prérogatives de l’éditeur, ainsi que la couverture: le choix lui appartient).
Mon conseil : soyez dans un échange constructif, respectueux et non suspicieux. Il est important d’établir une relation de confiance avec l’éditeur pour pouvoir bien travailler ensemble. C’est un professionnel dans son domaine et il vous faudra accepter ses conseils, les axes qu’il vous indiquera pour retravailler votre texte. Bien sûr, vous pourrez exprimer votre désaccord le cas échéant, mais tout cela ne marchera que si vous établissez un lien de confiance mutuelle.
Les termes du contrat d’édition
Autre aspect à prendre en compte : les termes du contrat d’édition.
Lisez attentivement le contrat d’édition avant de le signer, assurez-vous de bien comprendre à quoi vous vous engagez, afin de ne pas avoir de mauvaises surprises par la suite.
Les points qu’il me semble important de regarder en particulier sont :
- Le pourcentage de droit d’auteur (vous risquez d’être surpris, un auteur touche souvent une faible part du prix de vente, entre 5 à 12% généralement, le pourcentage étant souvent plus élevé pour les ventes numériques que les ventes papier. Cela peut se négocier, jusqu’à un certain point…),
- L’existence ou non d’un droit de préférence sur vos prochains livres,
- La durée du contrat,
- La diffusion,
- Le paiement ou non d’un à-valoir (ne soyez pas déçu si ce n’est pas le cas, seules les très grosses maisons d’édition sont aujourd’hui en mesure d’en faire l’avance. Pour les autres, il vous faudra attendre la reddition des comptes une à deux fois par an pour commencer à toucher vos droits d’auteur…)
Lors de la signature de mon premier contrat d’édition, je n’ai pas été très regardante, car je n’y connaissais rien et j’étais juste très surprise et heureuse qu’un éditeur s’intéresse à mon travail. Je n’ai rien négocié. Je ne le regrette pas aujourd’hui car cela a été une belle aventure. Mais cela a quand même été instructif pour la suite : aujourd’hui, je suis plus vigilante sur certains points et je n’hésite pas à en parler avec l’éditeur avant d’apposer ma signature au bas du contrat ! Je préfère tout mettre à plat pour éviter les malentendus et négocier les points qui ne me conviennent pas.
Bref, tout à votre joie d’être publié, prenez quand même le temps d’étudier sérieusement la proposition qui vous est faite, n’hésitez pas à demander des précisions mais aussi à vous rapprocher d’autres auteurs en cas de doute sur une clause, ou même d’un syndicat d’auteurs.
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