Écrire un livre est un plaisir qui demande de la discipline

Dominique Sabatier est un médecin fraîchement retraité se lance dans l’écriture de son premier roman en 2019. Pour Dominique écrire un livre est un plaisir qui demande de la discipline. Voici ses conseils pour ne pas vous décourager durant l’écriture de votre ouvrage.

Il m’est nécessaire d’écrire tous les jours. Ceci n’est pas toujours compatible avec une activité professionnelle chronophage et passionnante. Certains y arrivent mais pour ma part, je préférais écrire les jours de repos ou en vacances.

Se discipliner pour écrire un livre

Où écrire ?

Depuis que je suis à la retraite je peux enfin m’y consacrer pleinement. Cela nécessite une bonne santé et une capacité à s’extraire de toutes les préoccupations de la vie courante.

  • Le mieux est d’écrire dans un lieu assez loin de la cuisine qui est le centre névralgique d’une maison. Ce lieu présente de nombreux dangers pour l’écrivain en herbe : un réfrigérateur rempli de victuailles et de boissons sucrées tentantes, des odeurs de plats alléchantes, et de nombreux bruits parasites : conversations animées ou appareils ménagers bruyants.
  • Certains collègues ou quelques écrivains célèbres s’enferment dans un lieu excentré au fond d’une cour ou dans leur bureau en haut d’une tour. Mais le plus important, c’est cette capacité à créer rapidement une sorte de bulle pour retrouver le fil conducteur d’un roman en cours où les idées principales d’un document à corriger.

Quand écrire ?

Nul besoin, pour moi, de prévoir un minutage précis ou un moment de la journée particulier, car, parfois, en une heure, je suis plus productif qu’en une matinée.

J’aime avoir plusieurs projets en cours pour pouvoir passer de l’un à l’autre : il y a des jours où les phrases s’organisent toutes seules et les mots coulent sans effort comme sortis de mon clavier avec une limpidité extrême et d’autres où, pour une raison mystérieuse, rien ne va.

Et si jamais je persiste, le résultat est désastreux. Autant remettre tout au lendemain et consacrer mon temps à d’autres activités plus ludiques ou plus indispensables à la vie de famille. Ce qui est extraordinaire, c’est que, pendant cette parenthèse, un travail mystérieux et souterrain se produit et souvent dans les jours suivants, ce qui posait problème se résout comme par enchantement.

Se discipliné pour publier un livre

Envoyer un manuscrit et gérer son égo

Pour se lancer dans la publication de romans ou nouvelles, il ne faut pas avoir un égo trop dimensionné. Ou alors avoir connu une vie professionnelle extrêmement exigeante qui permet de tout relativiser. Ce qui est mon cas.

En effet le métier d’écrivain demande une très grande humilité, n’apportant souvent que peu de récompense en regard de la quantité de travail et d’obstination nécessaire. J’ai envoyé le manuscrit de mon premier roman, « Le Veilleur de Saint-Louis » aux grandes maison d’éditions comme Gallimard, Albin Michel, Actes Sud, Flammarion et n’ai reçu que des refus.

Souvent une lettre automatique accusant réception de l’envoi mais (ce mais est très important) expliquant qu’il ne correspondait pas à leur politique éditoriale. Excellent pour dégonfler l’embryon de melon qui commençait à poindre lorsque je contemplais l’objet de tous mes espoirs.

Et, à la réception d’un commentaire dithyrambique sur le génie de mes écrits, avec une proposition immédiate de contrat, mon expérience m’a appris à rester calme et circonspect. La personne (qui souvent s’est inventée une maison d’édition) n’en voulait qu’à mon porte-monnaie. Dans ce milieu traînent, à coté de gens honnêtes et sérieux, quantité de requins qui connaissent très bien les rouages de l’édition et ont inventé une martingale permettant de vivre aux dépens des auteurs.

Se préparer aux dédicaces

Par chance, il y a les dédicaces. Ces moments de partage avec le public et les lecteurs. Pour l’instant, je n’ai pas connu les déboires de certains collègues qui restent désœuvrés en voyant le chaland qui passe sans leur accorder le moindre regard.

Une dédicace nécessite une bonne préparation (affiches, flyer, messages sur les réseaux sociaux, sollicitation des amis et de la famille, utilisation de groupes WhatsApp…) et si possible, pour débuter, de ne pas trop s’éloigner de chez soi.

Un salon du livre, c’est l’occasion de rencontrer des collègues ou des éditeurs qui parfois ont des histoires de vie étonnantes : Une fois, tel cet auteur qui vivait dans un camion et allait de salons en salons ou ce père éditeur exclusif de sa fille romancière. Aussi, de nombreux écrivains venant écouler leur stock de livres achetés à prix d’or à des éditeurs à compte d’auteur qui continuent leur œuvre de destruction d’espoirs déçus.

Essuyer les déceptions

Enfin, mieux vaut ne pas s’offusquer des retours parfois frustrants des personnes à qui l’on envoie nos ouvrages. Certains vous parlent de la qualité du papier, de la reliure, des couleurs passées de la couverture, des coquilles qui existent malgré tous les soins apportés à la fabrication de votre chef d’œuvre et parfois du peu d’intérêt qu’il ont eu à vous lire.

Une phrase est fréquente : « Oui, j’ai commencé ton livre, je t’en parlerai quand je l’aurai fini… ». Ce qui veut dire jamais ! Heureusement d’autres sont plus positifs ou enthousiasmants ; par exemple quand toute une famille s’est partagée votre roman ou quand le récit a été apprécié et a apporté du bonheur.

En fait, il faut réaliser qu’être romancier est un métier, une sorte d’ascenseur émotionnel très gratifiant quand on y est préparé. Il a des règles et des passages obligés. Il nécessite le long apprentissage des us et coutumes de ce milieu particulier qui n’a rien à voir avec « la vie normale des gens normaux ». Certaines exceptions existent bien sûr mais si vous interrogez la plupart des auteurs, ils vous racontent tous les même galères. Tout est fait pour décourager le débutant et aucune place n’est acquise. Ce qui nous amène à…

Vendre ses livres

On estime à 100 000 le nombre d’écrivains publiés en France, 2000 vivent de leur plume, 93000 gagnent moins de 720 Euros par mois. ( sources : bb4 books, 2022).

Depuis que j’ai commencé, j’ai dépensé plus d’argent que j’en ai gagné. Etant retraité, cette activité ne met pas en péril mes finances. Je m’estime comme un privilégié comparé à un professionnel qui essaie de vivre de sa plume. Je me donne les moyens de réussir.

Au vu du contexte décrit par les chiffres officiels, il est nécessaire de faire preuve de patience et croire en sa bonne étoile. Considérer au début cet argent dépensé comme un placement.

Nombre de métiers, y compris artistiques, nécessitent au départ de gros investissements. Je ne vois pas pourquoi celui-ci échapperait à la règle. Un mal nécessaire, seul moyen d’augmenter ses chances de succès.  Je n’en suis pas encore là. Je pense qu’il faut d’abord accroître sa notoriété pour devenir attractif pour un éditeur.  Pour cela, je crois beaucoup aux réseaux sociaux dont on peut se servir sans hésiter.

Enfin, je me suis tourné vers l’auto-édition qui n’a rien de déshonorant.

  • Le premier avantage est qu’elle permet de pouvoir présenter un livre, comme une signature.
  • Le deuxième est qu’elle donne l’occasion de découvrir tous les mécanismes de la fabrication d’un livre.

Il faut être réaliste, le manuscrit trouvé dans une poubelle qui devient un bestseller est un fantasme. D’ailleurs, je n’y jette aucun des miens !

 Dominique Sabatier

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