Sydney Laurent : livres jetés, auteurs floués, une plainte déposée

Depuis sa mise en liquidation judiciaire en mars 2023, les éditions Sydney Laurent laissent un goût amer à de nombreux auteurs. Optant pour un modèle d’édition à compte d’auteur, cette entreprise proposait des forfaits payants incluant mise en page, relecture et impression des livres. En plus de sa librairie située à Saint-Laurent-du-Var (Alpes-Maritimes), elle est également au cœur d’un conflit entre associés.

Le cas des éditions Sydney Laurent

En mars 2023, la liquidation judiciaire des éditions Sydney Laurent est prononcée, avec deux mandats associés : les éditions Saint-Honoré, une société sœur, et SL Promotion, spécialisée dans la promotion des auteurs des deux autres structures.

Les éditions Sydney Laurent avaient inauguré une gigantesque librairie en grande pompe en février 2022 à Saint-Laurent-du-Var (Alpes-Maritimes). Sur 1300 mètres carrés, le fondateur des éditions Sydney Laurent, Marc-Henry Solange, se vantait de proposer quelque 38 000 références, dont de nombreux ouvrages publiés par sa propre maison d’édition.

L’ambition ne s’arrêtait pas là : dans une vidéo publiée en juillet 2020 sur YouTube, la société déclarait son intention d’ouvrir “dans les deux prochaines années […] 150 librairies Sydney Laurent qui distribueront principalement nos auteurs”. Cependant, l’entreprise a fermé ses portes après seulement quelques mois d’activité, laissant derrière elle des milliers d’ouvrages.

60 tonnes de livres jetées

Selon les informations rapportées par France 3 PACA, les 60 tonnes de livres ont été jetées à la benne par le propriétaire des locaux, Paul Teboul, afin de pouvoir relouer son espace.

Des auteurs laissés à l’abandon

Dans l’ombre d’une façade étincelante, similaire à celle de la librairie de Saint-Laurent-du-Var, se cache un océan de désillusions. Depuis la liquidation judiciaire de Sydney Laurent, des milliers d’auteurs se retrouvent plongés dans un océan d’incertitudes quant au sort réservé à leurs livres et, parfois, à leurs droits d’auteur.

Sur les réseaux sociaux et au sein des forums spécialisés, tels que Jeunes Écrivain·e·s, les interrogations et les témoignages affluent : “Peu m’importe le préjudice financier, mais j’aurais aimé connaître les ventes enregistrées par l’éditeur. Or, toujours rien malgré les relances de plusieurs d’entre nous.”

Deux auteurs ayant eu recours aux services de Sydney Laurent ont confirmé l’absence de réponse et d’informations, aussi bien de la part de la société en liquidation que du liquidateur. L’un d’eux a payé 750 € à Sydney Laurent à deux reprises pour la production de deux livres, tandis que l’autre a déboursé plus de 4000 € pour cinq ouvrages et la “réédition” d’un tome. Nous avons tenté de contacter le liquidateur, SCP BTSG², sans succès.

Un problème qui ne date pas d’hier

Les problèmes des auteurs avec les services et les échanges de Sydney Laurent ne datent pas d’hier. Agnès Quentin en a fait l’expérience : le 4 décembre 2013, elle signe un contrat avec la société 7 Écrit pour la fabrication, la diffusion et la promotion de son roman Un jour je me souvins 1812. Il s’agit d’une édition à compte d’auteur, pour laquelle elle verse un acompte de 4000 €, en échange de 15 % de droits d’auteur sur les ventes de la version imprimée et de 30 % pour la version numérique, comme l’a détaillé Le Parisien en 2016.

7 Écrit n’est autre que le nom précédent de Sydney Laurent Éditions, un changement validé en 2018 par les deux associés de l’époque, dont Marc-Henry Solange, qui se fait également appeler Jean-Marc Fauré, et Olivier Boissy.

Sous ce nom antérieur, 7 Écrit/Sydney Laurent a été la cible d’une plainte d’Agnès Quentin en 2016 : elle accuse l’entreprise de ne pas lui avoir versé ses droits d’auteur et de continuer à vendre son livre malgré l’expiration du contrat de vente de 18 mois.

Historique chaotique pour les éditions Sydney Laurent

Le 15 décembre 2017, 7 Écrit est condamnée pour “contrefaçon” par le tribunal de grande instance de Paris et doit verser 2000 € de dommages et intérêts, ainsi que les frais d’avocat de l’autrice, selon Le Courrier Picard.

Sans surprise, le changement de nom en “Sydney Laurent Éditions” intervient peu de temps après la condamnation de 7 Écrit.

En octobre 2019, un changement majeur survient dans l’entreprise : sa présidence, jusqu’alors détenue par la société Seternitat (basée à Andorre et présidée par Olivier Boissy), est confiée à Lionel Taes, également gérant du Centre Littéraire d’Impression Provençal (CLIP), un imprimeur.


Fin 2023, les éditions Falcon voient le jour et de nombreux soupçons planent autour d’un nouveau nom pour les éditions Sydney Laurent.

Lire : Falcon édition, le nouveau nom des éditions Sydney Laurent

Presque un an après la liquidation de l’entreprise, les auteurs ont peu d’espoir de retrouver leurs exemplaires ou leurs droits d’auteur.

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