Que chantent les classiques : la première traduction en vers italiens des œuvres de Racine

Lodovica San Guedoro, cofondatrice de la maison d’édition Felix Krull – avec un pied dans le Rhin et l’autre dans le Tibre – parle également un excellent français. Passant d’éditrice à traductrice, elle s’est lancée dans un projet peu commun : la traduction en italien, et en vers s’il vous plaît, d’Iphigénie, pièce créée en 1674 par le dramaturge Jean Racine.

Le sacrifice d’Iphigénie : Une tragédie Grecque

La flotte grecque est prête à mettre le cap sur Troie, mais les vents sont absents et les rames peinent en vain sur la mer calme. Le devin Calchas annonce alors aux hommes la volonté divine : pour que les vents reviennent, Iphigénie doit être sacrifiée. Elle est la fille bien-aimée d’Agamemnon, le Roi des rois, qui dirige l’expédition.

L’Art de la traduction : Entre fidélité et poésie

« Je ne voulais pas d’une traduction terne, véhiculant uniquement le sens. Je la désirais complète, fidèle au contenu, mais aussi éblouissante et poétique. Une traduction musicale, libre, audacieuse, somptueuse, capable de captiver les sens. Pour cela, j’ai accepté sans hésiter la contamination des styles », explique la traductrice en guise de préface.

Si la traduction des grandes œuvres doit être régulièrement revisitée, c’est précisément parce que les textes, tels que transmis, trahissent toujours en partie l’original. Et ce n’est pas à une Italienne que l’on apprendra combien traduire, c’est trahir.

« Entre la version du XIXe siècle de Lucio Tallachini, dont le style pompeux et ennuyeux s’éloignait trop du texte original, et celle, plus contemporaine, de Flavia Mariotti, parue chez Marsilio en 2007, pâle et sans relief […], j’ai choisi une troisième voie », s’enorgueillit-elle. Son travail a abouti à « la traduction que j’aurais aimé lire » : une version rimée, pour approcher la pièce de Racine d’une manière nouvelle.

La musique des mots : Réinventer Racine

Consciente de l’impossibilité de relever ce défi pour toute la tragédie, elle a mêlé des vers libres dans une langue plus complexe, « plus grandiose et baroque que celle de Racine », souligne-t-elle. Mais surtout, elle a doté la langue traduite d’une nouvelle musicalité. Car plus que les rimes et la perfection métrique, hautement périlleuses, « la musicalité m’importait avant tout ».

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