Loukas Montclar, la réussite d’un auteur autoédité

La plupart des gens se définissent par leur profession. Me concernant, je le fais au travers de mes passions : l’écriture, les voyages et l’Inde. Écrire est une nécessité, voyager, ma caféine, l’Inde, une histoire d’amour née d’un improbable coup de foudre.

Avec plus de 4000 exemplaires vendu, Loukas Montclar présente son parcours d’auteur, son expérience dans l’édition et son ouvrage « Aller simple pour la liberté ».

J’ai écrit et publié trois livres. Mais j’en ai commencé une bonne dizaine. On croit avoir trouvé l’idée du siècle, on gratte 50 pages et puis… on fout tout à la poubelle et on recommence. Nul auteur n’échappe à son propre jugement. Le plus impartial, le plus radical. Il m’aura fallu près de 10 ans pour terminer mon premier roman. Je n’en parlerai pas ici. Trop immature, inabouti. Un roman écrit sous un autre pseudo, un règlement de compte plus qu’une fiction.

Un nouveau départ

À l’aube de mes 40 ans, mon boulot m’ennuie, le confort et la sécurité m’étouffent. J’ai besoin d’autre chose. Je dois partir, casser cette routine qui m’oppresse. Et puis, je veux voir le monde, je veux le sentir. Une envie de tout délaisser, de tout recommencer à zéro. Tout vendre, tout donner, tout jeter, tout résilier. Se libérer des chaînes et quitter la facilité. Sur un coup de tête, je pose un congé sabbatique de 8 mois. Au programme : découvrir l’Asie, seul et en sac à dos. C’était en 2018.

L’expérience la plus enrichissante et la plus extraordinaire de ma vie d’adulte. Un tournant. Ma vision de la vie et du monde en a été changée pour toujours.

Cette aventure, je la raconte dans mon dernier livre, « Aller simple pour la liberté ». Un récit de voyage, mais pas seulement. Un récit initiatique, aussi. De l’Inde chaotique aux îles Philippines en passant par l’envoûtante Malaisie, le Vietnam, la Thaïlande ou le Sri Lanka, j’embarque le lecteur dans l’exploration d’un continent anarchique et fascinant où se joue l’avenir du monde.

« Passer de la France à l’Asie, c’est sortir d’un EPHAD pour se plonger dans une soirée étudiante. La claque est monumentale, le futur gravé dans la roche. L’Asie est un tsunami parvenu à maturité. Tu peux toujours essayer de courir, si ça t’amuse, mais la vague est trop grande, trop proche et emportera tout sur son passage. »

« Aller simple pour la liberté » invite à la découverte de l’autre, à le comprendre. Du moins, à essayer. Un voyage qui remet en cause nos modes de vie, le sens de nos existences et de nos parcours, conditionnés et formatés depuis l’enfance. Un récit qui pose des questions, qui met le doigt où ça fait mal.

 

Édition ou auto-édition ?

C’est durant ce road trip, entre la Malaisie et le Vietnam, que j’écris mon second livre, « Le Pouvoir de l’Agenda ». Une sorte de guide destiné à ceux qui se sentent un peu perdu et souhaitent réorganiser leur vie en repartant sur des bases saines et clairement définies. La question du choix de l’édition ne se posait pas. Je voulais le publier dans la foulée, sans attendre. C’est donc naturellement que je me suis orienté vers l’auto-édition, via la plateforme KDP d’Amazon. Mais je n’ai pas toujours raisonné de la sorte…

Quand j’achève mon premier livre en 2017, je me vois déjà en haut de l’affiche. Naïf et enthousiaste, et il faut l’être sinon à quoi bon.

J’adresse mon manuscrit à une vingtaine de maisons d’édition. Elles vont se battre pour me publier, cela ne fait aucun doute. Mais voilà… le téléphone ne sonne pas, ma boite mail reste vide et seules quelques réponses formatées me parviennent par courrier. Je perds espoir quand je découvre par hasard les services d’auto-édition proposés par Amazon. Ma porte de sortie. Si l’édition ne veut pas de moi, j’y entrerai de force, par la porte de derrière.

Là, un petit miracle s’accomplit. Mon livre se vend bien et j’atteins rapidement les 800 exemplaires écoulés. Pas trop mal pour un auteur inconnu qui ne connaît personne dans le petit monde des médias et de l’édition, me dis-je.

Je retente donc le coup avec « Le Pouvoir de l’Agenda ». Cette fois-ci, j’en vends plus de 4 000 en trois ans. Les retours sont positifs, je reçois de nombreux mails de la part de mes lecteurs. À partir de là, je ne me pose plus de question : je publierai uniquement en auto-édition. Bien sûr, une part de moi ressent cette légère frustration.

Malgré ses nombreux avantages, l’auto-édition a ses limites. Quand je me promène dans les rayons de la FNAC ou d’une librairie, je ne peux m’empêcher d’imaginer l’un de mes livres calé entre deux mastodontes du genre. Bah, ça arrivera un jour… peut-être.

Ne plus courir après les éditeurs

Mon dernier livre est sorti en mai 2022, toujours en auto-édition. Ma position actuelle est la suivante : je ne cracherais pas sur une publication traditionnelle en maison d’édition, mais je n’entreprendrai rien (ou presque) dans ce sens.

Je m’explique : d’une part, la proportion de nouveaux auteurs publiés demeure infime. D’une autre, une place trop importante à mon goût est accordée à ce que j’appelle des auteurs « pistonnés » ou « médiatisés ». Des journalistes, des universitaires, des politiciens, des stars de la télé-réalité ou des ex-compagnes de personnages publics venues régler leurs comptes avec leurs anciens amants. On mise tout sur le nom et le buzz, le contenu est relayé à de l’accessoire.

Aussi, une nouvelle tendance émerge. Il semble qu’aujourd’hui, un auteur « inconnu » a plus de chance d’être repéré par un éditeur sur une plateforme d’auto-édition comme KDP, Kobo ou Librinova que d’être retenu après l’envoi de son manuscrit par La Poste ou par e-mail.

Tout le monde a en tête les success stories d’Agnès Martin-Lugand, Mélissa Da Costa, Sonia Dagotor ou Jacques Vandroux. Des auteurs qui ont débuté en s’auto-éditant avant d’être repérés et signés par de grosses maisons d’édition. Même si, restons lucides, les temps ont changé. La concurrence n’est plus la même et vendre 500 bouquins ne suffit plus pour atteindre et squatter le TOP 10 d’Amazon ou de Kobo.

Pour conclure, je dirais que la plus grande source de satisfaction d’un auteur, quel que soit son mode de publication, est et restera le retour de ses lecteurs. Le reste est secondaire.

Loukas Montclar

Le Pouvoir de l’Agenda, 2019

Aller simple pour la liberté, 2022

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Mon dernier livre Aller simple pour la liberté

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