Les haïkus, ces poèmes qui nous font du bien

Né au Japon au XVIIe siècle, le haïku est avant tout un art qui arrive en Europe au tout début du XXe siècle. On dit que c’est Matsuo Basho qui en est le père.

Le haïku, qu’est-ce que c’est ?

Le haïku est une forme de poème très court composé de 3 vers.

  • Le premier avec 5 syllabes,
  • Le deuxième avec 7,
  • Le troisième avec 5, soit un total de 17 syllabes.

On dit souvent du haïku qu’il se lit le temps d’un souffle, qu’il célèbre un moment qui passe ou qui émerveille et vante la beauté de la nature et des saisons.

La particularité du haïku est de nous faire prendre conscience sur ce qu’il y a de plus beau, d’extraordinaire, d’étrange même, dans la vie de tous les jours. Par des allusions et des non-dits, le haïku fait appel à la sensibilité du lecteur.

La fraîcheur
J’en fais ma demeure
    Et m’assoupis

    (Bashô)

Nul besoin de faire des rimes lorsqu’on écrit un haïku. La ponctuation est aussi inexistante comme pour insuffler plus de liberté. Seule compte-là, l’emploi de la majuscule au début de chaque vers.

Les piliers du haïku

En plus de respecter la règle des 3 vers de 5,7,5 syllabes, les deux autres piliers essentiels du haïku sont le kigo et le kireji.

  • Le kigo est un mot qui fait allusion à une saison.
  • Le kireji est une césure qui permet de faire une pause et d’introduire une respiration dans la lecture du haïku. Il peut prendre différentes formes : un tiret, un adverbe, onomatopées, etc.

C’est cette pause qui nous pousse à regarder d’un autre angle ou de suggérer une signification.

Ce qui m’a toujours fasciné dans les haïkus, c’est l’absence d’émotion explicite. Le haïku offre à chacun la possibilité de ressentir ce qu’il veut, comme il le veut. On ressent une liberté totale en le lisant. Bien que très court, il donne l’impression que le temps s’est suspendu

Voici un haïku qui illustre l’intemporalité :

Sur une branche morte

Les corbeaux se sont perchés

Soir d’automne.

(Bashô)

Pourquoi lire et écrire des haïkus nous fait du bien ?

Se lancer dans l’écriture d’un haïku nous invite à mettre en pause tout ce qui circule autour de nous. Il nous ancre dans le moment présent et nous encourage à explorer la banalité des situations que nous vivons chaque jour. Lorsqu’on observe ces banalités de plus près, nous nous rendons compte qu’elles ne sont pas si ordinaires que ça. C’est toute la magie du haiku : il change notre vision maussade de l’environnement, il transforme notre regard.

Puissé-je à la rosée

Petit à petit me laver

Des poussières de ce monde ?

(Bashô)

Ecrire des haïkus apaise car cela arrête nos ruminations et nous procure une sensation de paix. C’est comme si on s’évadait de notre quotidien. Le haïku fait appel à notre sensibilité et nous invite aussi à prendre conscience de nos émotions et à les célébrer. Tout le monde peut s’y mettre et exprimer ce qu’il ressent.  

Enfin, C’est une poésie qui nous entraîne à regarder le monde et la nature. Elle force à écouter ce que cela provoque en nous. Nous réapprenons à regarder des arbres, à écouter le vent, à suivre un nuage dans le ciel, à réaliser que la beauté est autour de nous et à portée de tous.

Vous l’aurez compris, le haïku est plus qu’une poésie au format court, il est une invitation au voyage intérieur.

5,7,5…Partez !

Automne obscurité
descend sur cette route
Je voyage seul

(Basho)

Article écrit par Kaoutar Boussefa

Crédit image : Le Temple du Haïku

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