Un auteur flamand acquitté après avoir été accusé d’incitation à la haine contre les Juifs

Mardi, le tribunal correctionnel de Gand a acquitté l’écrivain flamand Herman Brusselmans, accusé d’avoir enfreint les lois sur le racisme et le négationnisme après la publication d’une chronique dans l’hebdomadaire Humo.

Acquittement d’Herman Brusselmans : la liberté d’expression en question

Le tribunal correctionnel de Gand a acquitté mardi l’écrivain flamand Herman Brusselmans, accusé d’incitation à la haine et de violation des lois contre le racisme et le négationnisme. La justice a estimé que ses propos, bien que controversés, relevaient de la liberté d’expression et qu’aucune intention de haine ou de violence à l’égard de la communauté juive n’avait été démontrée.

L’affaire faisait suite à une chronique publiée le 6 août dans l’hebdomadaire Humo, où l’auteur, réagissant à une image d’un enfant palestinien en détresse, écrivait qu’il ressentait une telle colère qu’il voulait « enfoncer un couteau pointu dans la gorge de chaque juif (qu’il) rencontre ». Ces déclarations avaient immédiatement suscité une vague d’indignation, notamment de la part de plusieurs organisations juives.

Un acquittement controversé

Le jugement découle d’une plainte déposée par le Centre juif d’information et de documentation (Joods Informatie- en Documentatiecentrum, JID), qui réclamait 7 910 euros de dommages et intérêts – soit 1 centime par lecteur de la rubrique. Le tribunal a rejeté cette demande et condamné le JID à verser 3 000 euros de frais de justice à l’écrivain. Les avocats de Brusselmans ont souligné l’impact négatif de l’affaire sur leur client, qui a dû renforcer sa sécurité personnelle.

Le président du JID, Michel Kotek, a exprimé son mécontentement face à cette décision, estimant que « le tribunal n’a pas fait son travail ». L’Association européenne juive (EJA) a également réagi, dénonçant un jugement qui, selon elle, contribue à banaliser le discours de haine en Belgique.

D’autres poursuites en cours

L’affaire n’est pas close pour autant. Une seconde plainte, portée par plusieurs organisations juives, est toujours en instruction, et la chambre du conseil de Gand doit statuer prochainement sur un éventuel renvoi devant le tribunal correctionnel. Une troisième plainte, émanant de trois plaignants de confession juive, sera jugée le 6 mai prochain. Ils accusent Herman Brusselmans de récidive dans la violation des lois contre le racisme et le négationnisme à travers l’ensemble de son œuvre.

De son côté, le Centre pour l’égalité des chances (Unia), qui avait initialement porté plainte, a finalement renoncé à une procédure civile, estimant que l’écrivain n’avait pas d’intention malveillante.

Un écrivain connu pour son style provocateur

Né en 1957 en Flandre-Orientale, Herman Brusselmans est un auteur prolifique, célèbre en Flandre pour son ton satirique et irrévérencieux. Ses œuvres, souvent autobiographiques, explorent des thèmes tels que l’alcool, le sexe, et l’ennui. Il est également connu pour ses chroniques dans Humo depuis les années 90.

Si cette affaire soulève un débat sur les limites de la liberté d’expression, elle pose aussi la question de la responsabilité des écrivains face à l’impact de leurs propos.

Crédits photo : Herman Brusselmans à droite, en 1989 (Michiel Hendryckx, CC BY-SA 3.0

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