Malgré ses multiples condamnations et son inculpation pour « complot contre les États-Unis » suite à la tentative de coup d’État du 6 janvier 2021, Donald Trump a été élu 47e président des États-Unis, quatre ans après sa défaite face à Joe Biden. Dans un communiqué bref mais explicite, l’Association des bibliothécaires américains (American Library Association) anticipe des années difficiles à venir.
Trump élu 47e président des États-Unis : l’ALA se prépare à défendre les bibliothèques contre de nouvelles menaces
Avec 295 grands électeurs contre 226 pour sa rivale démocrate Kamala Harris au moment de la publication, Donald Trump a remporté une victoire nette à l’élection présidentielle américaine. Son investiture en tant que 47e président des États-Unis est prévue pour le 20 janvier 2025.
Le milliardaire conservateur d’extrême droite pourrait débuter son mandat dans une position particulièrement avantageuse : le Sénat est repassé sous contrôle républicain et la Chambre des représentants semble également pencher en faveur de son parti, avec 206 représentants républicains contre 191 démocrates. Cette situation lui offrirait une marge de manœuvre significative pour mettre en œuvre son programme sans grande opposition.
Dans le secteur du livre, la réaction ne s’est pas fait attendre. L’Association des bibliothécaires américains (American Library Association, ALA) a publié une déclaration dans laquelle elle réaffirme son engagement à « défendre les valeurs fondamentales de la profession contre les menaces politiques ».
« Nous comprenons que de nombreux membres soient préoccupés par les résultats de l’élection et les attaques potentielles contre les bibliothèques, les bibliothécaires et les lecteurs qu’elles pourraient entraîner », a déclaré Cindy Hohl, présidente de l’ALA. « Quoi qu’il advienne, l’ALA veillera à garantir la liberté de lecture pour tous les Américains, et nous invitons tous ceux qui aiment les bibliothèques à nous rejoindre dans cette lutte. »
Les craintes de l’ALA ne sont pas infondées : le programme de Donald Trump alimente la guerre culturelle qu’il avait déjà initiée lors de son premier mandat. En matière d’éducation, il promet « la connaissance et les compétences, pas la théorie critique de la race et la théorie du genre », visant ces sujets qu’il désapprouve.
L’atteinte à la liberté académique n’est pas la seule préoccupation. Trump a également affirmé que les Républicains « retireront les subventions des écoles pratiquant l’endoctrinement politique financé par l’argent public ». Il souhaite promouvoir « une culture célébrant le mariage, l’innocence de l’enfance, et le rôle fondamental de la famille et des parents laborieux ».
Retour de la censure culturelle : Trump et le renforcement de la guerre contre les bibliothèques
Le programme présidentiel de Trump concernant la culture et l’éducation laisse présager des actions en continuité avec la vague de censure et de retrait de livres amorcée depuis 2020. Aux États-Unis, un mouvement de contestation systématique s’est développé, ciblant la présence de certains ouvrages dans les bibliothèques publiques et scolaires.
Les livres traitant de sujets tels que les violences sexuelles, le racisme, l’identité de genre, la liberté amoureuse et sexuelle, ou encore des événements historiques comme l’Holocauste, sont souvent dénoncés par des parents d’élèves ou des groupes conservateurs. Les procédures visent leur retrait, sous prétexte qu’ils seraient dangereux pour les jeunes lecteurs.
Certains ouvrages sont étiquetés comme « pornographiques » pour la simple raison qu’ils contiennent des passages à connotation sexuelle, même minimes. Cette catégorisation a conduit à la censure d’œuvres d’auteurs tels que Margaret Atwood, Rupi Kaur, Sarah J. Maas, Alice Walker et Toni Morrison.
Plusieurs responsables républicains ont soutenu cette tendance en promulguant des lois restrictives, tandis que bibliothécaires et enseignants risquent parfois des sanctions pénales pour avoir rendu certains livres accessibles aux mineurs. Un mouvement de résistance persiste, faisant face à plus de 10 000 tentatives de censure au cours de l’année scolaire 2023-2024, mais il pourrait être fragilisé sous la présidence Trump.
En plus des mesures du programme de Trump, le « Projet 2025 » — une feuille de route rédigée par le groupe conservateur Heritage Foundation — prévoit des actions concrètes pour renforcer cette guerre culturelle. Son président, Kevin D. Roberts, affirme que les bibliothèques sont « envahies par la pornographie ». L’origine de cette vague de censure remonte à la dernière année du premier mandat de Trump, lorsque son décret sur les « concepts clivants » a déclenché une offensive contre les livres abordant la diversité et les sujets inclusifs.