DC Comics et Warner Bros. misent énormément sur Superman, le prochain blockbuster réalisé par James Gunn, attendu dans les salles françaises le 9 juillet 2025. Avec un budget estimé à plus de 300 millions de dollars, ce film constitue un pari crucial pour relancer l’univers DC après plusieurs déceptions commerciales telles que Aquaman 2, The Flash ou encore Joker : Folie à Deux. Cependant, la famille du co-créateur de l’homme d’acier, Joe Shuster, pourrait bien compliquer ces ambitions hollywoodiennes en contestant les droits d’exploitation du personnage.
Superman, icône culturelle et enjeu stratégique
Créé en 1933 par l’auteur américain Jerry Siegel et le dessinateur canadien Joe Shuster, Superman, alias Clark Kent (Kal-El), apparaît pour la première fois en 1938 dans le magazine Action Comics, publié par Detective Comics (aujourd’hui DC Comics). Rapidement devenu une figure emblématique, Superman a défini les standards du genre super-héroïque et continue d’être un des personnages phare du catalogue DC Comics, aux côtés de Batman et Wonder Woman.
DC Comics, filiale du géant américain Warner Bros. Discovery, exploite abondamment son catalogue à travers films, séries, jeux vidéo et produits dérivés. Le studio espère ainsi capitaliser sur Superman pour retrouver le succès commercial et critique, sous la supervision de James Gunn, déjà acclamé pour son travail sur Les Gardiens de la Galaxie (Marvel) et The Suicide Squad (DC).
Droits d’auteur : la famille de Joe Shuster contre-attaque
Fin janvier 2025, Mark Warren Peary, neveu et exécuteur testamentaire de Joe Shuster, a engagé une procédure judiciaire contre Warner Bros. Discovery et sa filiale DC Comics. La famille Shuster affirme que ces sociétés ne détiennent plus les droits d’exploitation de Superman en Australie, au Canada, au Royaume-Uni et en Irlande.
Selon la plainte, les droits internationaux, initialement cédés par Siegel et Shuster en 1938 pour seulement une centaine de dollars, seraient désormais revenus aux héritiers. En cause : une disposition du Copyright Act britannique de 1911, selon laquelle les accords de cession conclus avant 1957 deviennent caducs 25 ans après la mort de l’auteur. Joe Shuster étant décédé en 1992, ses droits internationaux seraient revenus légalement à ses héritiers dès 2017 (2021 pour le Canada).
Les héritiers demandent aujourd’hui des dommages-intérêts et une injonction contre la poursuite de l’exploitation non autorisée du personnage par Warner Bros. Discovery.
Un enjeu juridique complexe à portée internationale
Warner Bros., de son côté, réfute catégoriquement la légitimité de cette action judiciaire. La première plainte déposée devant un tribunal fédéral de New York a été rejetée le 24 avril 2025, le tribunal se déclarant incompétent territorialement pour trancher un litige portant sur des droits internationaux.
Mark Warren Peary, loin d’abandonner, a immédiatement saisi un tribunal d’État new-yorkais. Son avocat, Marc Toberoff, affirme que cette juridiction pourrait statuer sur cette affaire grâce à la Convention de Berne sur le droit d’auteur (1886), qui permettrait une action à portée internationale.
À l’heure actuelle, les héritiers Shuster n’ont pas engagé de poursuites judiciaires directement dans les territoires concernés, mais souhaitent surtout renforcer leur position pour négocier un accord financier avantageux.
Une bataille juridique loin d’être terminée
Cette affaire s’inscrit dans un conflit de longue date. Dès le début des années 2010, la famille Shuster avait tenté de récupérer les droits d’exploitation de Superman aux États-Unis. À l’époque, la justice américaine avait donné raison à Warner, en rappelant qu’un accord signé en 1992 par Jean Peavy, sœur de Joe Shuster, restait valide et définitif.
À noter que Superman entrera dans le domaine public en 2034, permettant alors son exploitation libre sous certaines conditions, sans autorisation préalable des héritiers.