Dans le cadre de la dotation générale de décentralisation attribuée aux collectivités par l’État après le transfert de compétences, le concours spécifique destiné aux bibliothèques peut inclure diverses dépenses telles que l’extension des horaires, l’achat d’équipements mobiliers ou informatiques, ainsi que le développement des collections. Un décret du Premier ministre introduit une nouvelle part spécifiquement dédiée aux territoires d’outre-mer au sein de cette DGD.
Renforcement financier des bibliothèques via la DGD : focus sur les territoires ultramarins
Dans le cadre de la dotation générale de décentralisation (DGD), le concours spécifique destiné aux bibliothèques offre un soutien financier aux collectivités pour des projets d’investissement ou de fonctionnement temporaires. En 2023, son montant total s’élève à 88,4 millions d’euros. Ce concours se divise initialement en deux fractions : la première pour les initiatives en faveur des bibliothèques territoriales, couvrant divers aspects comme la construction du bâtiment et la numérisation des collections, tandis que la seconde favorise les projets à portée départementale ou régionale, encourageant la coopération avec d’autres institutions dédiées au développement de la lecture.
Expansion du soutien financier aux bibliothèques ultramarines via la DGD
Le décret n° 2024-816, signé le 15 juillet 2024 par le Premier ministre, introduit une troisième fraction au concours spécifique des bibliothèques, exclusivement dédiée au financement des dépenses d’investissement et de fonctionnement non pérennes des collectivités ultramarines.
Cette nouvelle fraction, désormais la deuxième dans la section pertinente du code général des collectivités territoriales, concerne les départements de Guadeloupe, de La Réunion, de Mayotte, ainsi que les collectivités territoriales de Martinique et de Guyane. Elle englobe également les communes et leurs regroupements dans ces départements et collectivités, ainsi que les collectivités de Saint-Barthélemy et de Saint-Martin, ainsi que les communes de Saint-Pierre-et-Miquelon.
Les fonds alloués dans le cadre de la DGD pourront couvrir les dépenses d’investissement et de fonctionnement non pérennes engagées par ces collectivités territoriales d’outre-mer et leurs regroupements.
L’augmentation des crédits de la DGD Bibliothèques, spécifiquement orientée vers les collectivités ultramarines, a été approuvée lors du Conseil interministériel des Outre-mer présidé par l’ancienne Première ministre, Élisabeth Borne, le 18 juillet 2023. Un amendement au projet de loi de finances 2024 a par la suite accru ces crédits de 3,5 millions d’euros afin de financer cette mesure sans préjudice pour d’autres besoins essentiels.
Défis et enjeux des bibliothèques dans les territoires d’outre-mer : Une nécessité de rayonnement équitable
Dans les territoires d’outre-mer, pour des raisons historiques ou topographiques, « l’offre en bibliothèques se resserre autour d’établissements majeurs ou de taille moyenne », comme le rappelait en début d’année l’Atlas des bibliothèques territoriales. Offrir la possibilité à ces établissements de rayonner sur l’ensemble du territoire devient donc une question cruciale pour la lecture publique.
Les territoires d’outre-mer font face à une répartition déséquilibrée de leurs bibliothèques, concentrées souvent sur le littoral au détriment de l’intérieur des terres. Les résidents de ces zones faiblement peuplées se trouvent souvent isolés, culturellement également. Environ 54 % des populations non desservies par une bibliothèque accessible en moins de 10 minutes en voiture résident dans des zones rurales.
Avec moins de 3,5 % des habitants réalisant des emprunts, les départements d’outre-mer figurent parmi les moins bien lotis pour cette mesure. La plupart des établissements de ces territoires hébergent un nombre de documents par habitant largement inférieur à celui des bibliothèques métropolitaines (entre 0,5 et 1,3 document par habitant, comparé à une moyenne de 2 en métropole).
Selon un bilan de l’Institut national de la statistique et des études économiques publié en avril dernier, 24 % des résidents des départements d’outre-mer rencontrent des difficultés à l’écrit, contre 10 % en France métropolitaine.