Pour soutenir les témoignages des intervenants lors de cette deuxième édition des États généraux des festivals et salons du livre, la Sofia a présenté trois études. Publiées par les Presses universitaires de Grenoble, ces recherches couvrent divers aspects des manifestations littéraires. Parmi elles, l’étude d’Emmanuel Négrier intitulée Les Festivals à l’épreuve de la transition.
Les Festivals en mutation : Un élan vers l’écologie face à des défis économiques
Depuis 2019, la proportion de festivals qui mettent en place des actions de tri des déchets a considérablement augmenté, passant de 13 % à 73 %, ce qui témoigne d’un véritable essor des pratiques écologiques. Cependant, les festivals se heurtent à de nombreuses incertitudes tant économiques qu’environnementales.
En effet, 55 % des festivals jugent leur situation économique incertaine. Parmi eux, 30 % estiment que cette incertitude a un impact considérable, tandis que 25 % la trouvent plutôt pesante. Par ailleurs, 45 % des festivals considèrent que la précarité des emplois au sein de leur organisation représente un enjeu majeur.
Bien que seulement 5 % des festivals perçoivent le désistement d’un partenaire public comme une menace significative, cette préoccupation pourrait croître à l’avenir en raison des restrictions budgétaires.
La viabilité financière des festivals est mise à l’épreuve par la hausse des coûts et la stagnation des recettes. Ainsi, 30 % des festivals estiment que l’incertitude économique impacte fortement leur avenir, tandis que 25 % la jugent relativement pesante.
Les actions en faveur de l’environnement se multiplient, notamment le tri des déchets, pratiqué par 73 % des festivals, contre 13 % en 2019, ainsi que la réduction des déchets et l’approvisionnement en circuits courts. Néanmoins, des mesures plus complexes, telles que la transition vers des énergies renouvelables ou la réduction de l’impact des transports, restent encore marginales.
Actuellement, 57 % des festivals privilégient les approvisionnements en circuits courts pour diminuer leur empreinte environnementale, mais seuls 20 % s’y consacrent activement, car cela a un impact direct sur leur modèle économique, en particulier pour les grands festivals dépendant des déplacements du public.
En ce qui concerne les déchets, 48 % des festivals se focalisent sur leur réduction, tandis que 46 % partagent leurs équipements avec d’autres événements pour minimiser leur empreinte carbone. D’autres initiatives, comme l’augmentation de la part végétale dans les repas proposés, sont moins fréquentes, mais montrent une forte progression : 28 % des festivals ont adopté cette mesure en 2022.
Malgré les avancées en matière de durabilité, 12 % des festivals n’ont toujours pas mis en place de système de tri des déchets, et 30 % n’ont aucune stratégie pour réduire l’impact des transports. Ces chiffres soulignent qu’il reste encore beaucoup à faire sur les enjeux environnementaux et économiques.
La pandémie a profondément impacté le secteur, incitant de nombreux festivals à privilégier les artistes locaux et à relocaliser leurs prestataires. Ainsi, 97 % des festivals qui ont adopté cette approche souhaitent la maintenir à l’avenir, et 35 % estiment que cette transition a été favorisée par la pandémie.
Par ailleurs, 26 % des festivals ont programmé davantage d’artistes locaux depuis la pandémie, un changement qui découle directement des restrictions de mobilité liées au Covid.
En ce qui concerne les responsables de festivals, beaucoup d’entre eux ont plus de 70 ans, mais seulement 11 % envisagent de quitter leur poste dans les cinq prochaines années. En revanche, 53 % des dirigeants souhaitent rester à la tête de leur festival. Parmi eux, 19 % envisagent de transmettre la direction à un membre de leur équipe, tandis que seulement 5 % prévoient de le faire à une personne extérieure. Ce transfert interne pose des défis en matière de formation et de renouvellement des compétences.
Cette étude repose sur une enquête en ligne réalisée entre février et juin 2023, recueillant les réponses de 1 237 participants, majoritairement des créateurs (55,6 %) et des directeurs de festivals (44,4 %). L’intégralité des résultats est disponible ci-dessous.