Les éditions Les Lapidaires ont vu le jour le 11 novembre 2020 avec Pantruche, de Fernand Trignol. Ce titre est à ce jour le plus grand succès de la maison d’édition. Il comptabilise un total de 780 ventes. Ce qui est très honorable pour un éditeur peu connu du grand public. Charles Bonneville, responsable des éditions Les Lapidaires nous partage sa vison et ses valeurs.
Une découverte, puis une rencontre
J’ai découvert le titre de Fernand Trignol Pantruche en lisant une interview de Céline (il me semble), et, longtemps, j’ai songé à le publier. Par esprit de partage. Seulement, je manquais un peu de courage et de savoir-faire.
Et puis, un beau jour, j’ai fait la connaissance de David Meulemans des éditions aux Forges de Vulcain. Celui-ci, avec le concours de La Fontaine O Livres, m’a appris à fabriquer un livre de A à Z. Et je me suis lancé…
La ligne éditoriale et les motivations des éditions Les Lapidaires
J’ai choisi une ligne éditoriale radicale : les auteurs oubliés ainsi que les textes rares. Pour des raisons pratiques d’abord.
Ceux-ci me fascinent depuis des années, si bien que mon catalogue virtuel était assez conséquent avant même de commencer (une trentaine de titres ; plus de soixante aujourd’hui et je chasse sans cesse).
Quand on ne vient pas du milieu (j’étais journaliste) et qu’on n’attire pas à soi des auteurs vivants, cela permet d’assurer un rythme de parution constant (en ce qui me concerne, deux ou trois livres tous les quatre mois) et de rassurer les diffuseurs, qui réclament un programme sur deux ou trois ans.
Ensuite, je le répète, si j’ai créé les éditions Les Lapidaires, c’est par esprit de partage.
Des auteurs impliqués
De succès d’estimes en succès d’estimes, j’ai regroupé autour des éditions Les Lapidaires des personnalités très impliquées dans le « désenfouissement » littéraire :
- Patrick Raynal (emblème de la Série Noire),
- Eric Dussert (monsieur livre oublié),
- André Derval (éditeur, auteur et homme de goût…).
Trouver des auteurs oubliés, quand ils sont … oubliés
Mes sources sont multiples et peu spectaculaires. La première est la très ancienne bibliothèque familiale. Elle est âgée de 130 ans et regorge de vieux ouvrages très rares.
Les femmes de ma famille étaient des lectrices pathologiques comme je le suis devenu et ne jetaient jamais rien (en tout cas, pas les livres).
En dehors de cette bibliothèque que j’ai achevé de piller, et cela m’a pris des heures et des jours et des semaines, j’ai bien d’autres sources :
- Les libraires de livres anciens,
- Les bouquinistes
- Les érudits qui gravitent autour des Lapidaires n’ont de cesse que d’enrichir mon catalogue.
J’ai racheté, par exemple, il y a très peu de temps, les droits du bouleversant recueil de nouvelles de Langston Hughes Histoires de Blancs (à paraître le 13 janvier 2023), et c’est Patrick Raynal qui me l’a mis entre les mains… Idem pour La Flemme, de Michèle Perrein. Mais, cette fois, c’est grâce à Eric Dussert que ce titre verra à nouveau le jour après plus de soixante ans de sommeil.
Actualité des éditons Les Lapidaires
Le 25 novembre à Gradignan, Les Lapidaires (Eric Dussert, Patrick Raynal et moi-même) présenteront la maison d’édition à la librairie Le Vrai lieu. Baptiste Deyrail, l’illustrateur, sera présent et, armé de ses pinceaux, réalisera des frontispices (du moins, c’est ce que je souhaite).
Livres à paraître aux éditions Les Lapidaires
- Viennent de paraître dans la Glyptothèque : Caractères de Gide et La Machine gouverne (préfacé par Éric Chevillard) de Paul Valéry ;
- Dans la collection principale : Tuer les vieux, jouir ! de Félicien Champsaur. Très en vogue en son temps, admiré des plus illustres (Victor Hugo en tête), il a complètement disparu des radars.
Paraîtront le 13 janvier 2023 :
Histoires de Blancs de Langston Hugues préfacé par Jake Lamar, dans la collection principale
La Servante de Gustave Geffroy dans La Glyptothèque (surnommée la petite collection).
La sélection des éditions Les Lapidaires
Un mot sur mes critères de sélection : je n’en n’ai pas vraiment.
Il faut que le texte soit rare, certes. Et qu’il y ait un travail sur la langue, le style, je ne jure que par ça.
Je n’ai pas de ligne politique, je fuis l’actualité et ses injonctions. Toutefois, si je devais prendre du recul sur mes choix, je dirais que je privilégie (pas toujours) l’archaïque littérature « prolétarienne ».
Je trouve salutaire, même si je ne jouis pas exactement d’un rayonnement planétaire, de rappeler à qui l’aurait oublié, qu’autrefois, les romanciers avaient à cœur le sort des petites gens… En fait, mon catalogue, bourré de contradictions, reflète ma personnalité… reflète la « sagesse de mon corps ».
J’ai piqué cette magnifique formule à Vogler, grand Script Doctor hollywoodien, à qui on demande (je restitue ses propos de mémoire) : « Qu’est-ce qu’une bonne histoire pour vous ? ». Sa réponse : « Si elle me donne des frissons, alors c’est une bonne histoire. Le corps est un vieux sage… » Voilà, Lucie, comment je tamise…