Les adolescents lisent-ils encore ? Enquête menée par ActuaLitté auprès de deux bibliothécaires toulousaines

Alors que la lecture traverse de profondes mutations, entre essor du numérique et omniprésence des écrans, le site ActuaLitté a interrogé deux bibliothécaires de Toulouse, Florie Boy et Coline Renaudin, à l’occasion de la parution du nouveau numéro de la revue Bibliodiversité, intitulé « Les (r)évolutions de la lecture ». À travers leur retour d’expérience à la médiathèque José Cabanis, elles livrent une analyse précieuse des pratiques de lecture chez les adolescents.

Lecture chez les jeunes : une pratique influencée par l’environnement et les usages numériques

Les deux bibliothécaires confirment que les adolescents lisent encore, mais leur rapport à la lecture est profondément marqué par leur environnement familial, leur parcours scolaire et surtout, les sollicitations numériques permanentes. Si certains jeunes expriment un véritable plaisir de lire, celui-ci se heurte souvent à un manque de disponibilité mentale : lire demande du temps, du calme, et une volonté de s’extraire du flux constant des réseaux sociaux et écrans.

L’entourage reste un facteur-clé : quand les jeunes sont entourés de lecteurs (parents, fratrie), ils ont plus tendance à adopter eux-mêmes la lecture. Les bibliothèques, quant à elles, s’efforcent de toucher des publics éloignés, notamment en développant des activités adaptées : clubs de lecture, jeux vidéo, ateliers numériques, et en travaillant avec les écoles et associations locales.

Numérique et nouveaux formats : la lecture évolue, mais ne disparaît pas

La lecture numérique apparaît comme une porte d’accès alternative à la culture pour les jeunes. Elle permet une lecture plus discrète, plus flexible, notamment sur téléphone, et favorise l’accès à des genres populaires comme les mangas ou les bandes dessinées. Les bibliothèques toulousaines soulignent également les bénéfices pour les publics porteurs de troubles DYS, pour qui les supports numériques peuvent représenter un véritable levier d’inclusion.

Les adolescents rencontrés se montrent par ailleurs très conscients des effets des écrans, reconnaissant eux-mêmes des formes de dépendance, mais également un intérêt réel pour les livres. Même si certains genres comme la romance ou le manga dominent à l’adolescence, les professionnelles constatent une évolution naturelle vers des lectures plus variées à mesure que les jeunes grandissent.

Et les adultes ? Un rapport changeant à la lecture et aux bibliothèques

La question du désintérêt pour la lecture ne concerne pas uniquement les jeunes. Comme le rappelle l’étude du Centre National du Livre, la pratique baisse dans toutes les tranches d’âge. Les bibliothèques de Toulouse enregistrent une hausse de la fréquentation physique (+8,5 % en 2024), mais une légère baisse des emprunts de documents. Cela reflète l’évolution du rôle de la bibliothèque : espace culturel polyvalent, elle attire aujourd’hui aussi pour des concerts, projections, conférences, ou simplement comme lieu de sociabilité et de travail.

La lecture se transforme, mais reste vivante

L’enquête menée par ActuaLitté montre que si la lecture change de forme, elle reste bien présente dans les usages culturels des jeunes, à condition de leur offrir des conditions propices et de s’adapter à leurs attentes. Bibliothèques et médiathèques ont un rôle crucial à jouer, en tant que passeurs de culture, mais aussi comme espaces d’exploration libre et ouverts à tous.

Source :

Entretien mené par ActuaLitté avec Florie Boy et Coline Renaudin, publié le 19 mai 2025 dans le cadre de la sortie du numéro « Les (r)évolutions de la lecture » de la revue Bibliodiversité.