Tensions États-Unis–Canada : une collecte de 100 000 € au profit d’une bibliothèque

À Stanstead, plus de 151 000 dollars canadiens (près de 98 000 €) ont été collectés afin de rénover l’entrée canadienne de la bibliothèque Haskell. Cette initiative, soutenue à la fois localement et internationalement, intervient alors que les autorités américaines ont récemment limité l’accès des Canadiens à l’entrée principale située côté États-Unis. Jusqu’ici, les habitants de Stanstead pouvaient accéder directement à la bibliothèque sans passer par un poste de contrôle frontalier officiel.

Bibliothèque frontalière Canada–États-Unis : quand une porte ouverte devient un mur

Cette liberté historique d’accès à la bibliothèque Haskell a été suspendue par une décision unilatérale du gouvernement américain, vivement dénoncée par la municipalité de Stanstead, qui y voit un recul majeur des relations transfrontalières.

« Cette fermeture ne prive pas seulement les visiteurs canadiens d’un symbole historique de coopération, elle fragilise également l’esprit de collaboration entre nos deux pays », indique le communiqué officiel de la ville.

Dorénavant, les Canadiens doivent présenter une carte de bibliothèque pour pouvoir traverser la partie américaine du bâtiment. Faute de quoi, ils doivent emprunter une entrée secondaire située à l’arrière, côté canadien, jusqu’alors réservée aux sorties de secours. Cette nouvelle mesure transforme ainsi ce qui fut pendant plus d’un siècle un pont symbolique en une véritable barrière.

Une entrée canadienne repensée

Les travaux, évalués à 100 000 dollars (environ 65 000 €), visent à transformer cet accès secondaire en véritable entrée principale, avec trottoir aménagé, espaces de stationnement et un nouvel aménagement paysager. « Nous voulons éviter que les Canadiens aient l’impression de devoir passer par derrière. Cet accès doit devenir aussi accueillant et digne que l’entrée principale », explique Jody Stone, maire de Stanstead.

Parmi les contributions majeures, l’écrivaine québécoise Louise Penny a versé 50 000 dollars (environ 32 000 €). Pour honorer son soutien exceptionnel, la salle de lecture côté canadien portera désormais son nom.

« Louise Penny nous a fait ce don par amour pour la bibliothèque et la littérature, afin que nous puissions continuer à promouvoir la lecture », souligne Sylvie Boudreau, présidente du conseil d’administration de la fondation en charge du lieu.

Cette volonté d’offrir un meilleur accueil s’accompagne aussi d’un projet de modernisation intérieure, destiné à rendre l’espace plus convivial et fonctionnel. « C’est un bâtiment ancien, qui nécessite beaucoup d’attention », ajoute le maire. Une nouvelle campagne de financement complémentaire est déjà lancée.

Cette tension intervient dans un contexte diplomatique sensible. Le 30 janvier dernier, la bibliothèque avait été le théâtre d’un geste provocateur : Kristi Noem, secrétaire américaine à la Sécurité intérieure, avait sauté par-dessus la ligne symbolisant la frontière à l’intérieur du bâtiment, lançant d’un côté « USA, number 1 », et qualifiant le Canada de « 51ᵉ État » de l’autre, reprenant ainsi la rhétorique offensive du président Donald Trump.

Construite en 1905 sur la frontière canado-américaine, la bibliothèque Haskell, qui abrite également un opéra, est classée comme site historique des deux côtés de la frontière, constituant ainsi un lieu unique au monde.

Ads Blocker Image Powered by Code Help Pro

Oups ... Vous utilisez adblock ?

Nous avons détecté que vous utilisez un plugging Adblock. Soutenez-nous et désactivez-le 😊😇