Les Éditions Grasset, qui ont publié jeudi un ouvrage d’enquête consacré à l’homicide survenu en 2023 à Crépol (Drôme), signalent que les auteurs du livre ont été visés par des menaces de mort.
Affaire de Crépol : Grasset dénonce des menaces et un déferlement de haine après la publication de son enquête
Les Éditions Grasset dénoncent une vague d’attaques et de menaces visant les auteurs, l’ouvrage et la maison elle-même, dans les jours ayant suivi la publication de Une nuit en France, enquête consacrée à l’affaire de Crépol. Dans un communiqué transmis à ActuaLitté, relayé par l’AFP, l’éditeur affirme que « depuis plusieurs jours, les auteurs, le livre et l’éditeur sont calomniés par certains médias, harcelés par nombre de sites ou réseaux sociaux qui véhiculent mensonges et contre-vérités sans même avoir lu l’ouvrage ».
Grasset affirme avoir reçu de nombreux messages haineux, certains internautes allant jusqu’à souhaiter aux auteurs « le sort réservé aux collaborateurs après la Libération ». Face à ces attaques, la maison d’édition se dit déterminée : « L’éditeur et les auteurs entendent signaler tous les messages ou propos haineux aux instances judiciaires. »
Le livre, publié le 19 mars, est signé par trois journalistes et auteurs : Jean-Michel Décugis (Le Parisien), Pauline Guéna (romancière et scénariste) et Marc Leplongeon (L’Équipe). Il revient sur l’homicide de Thomas, 16 ans, poignardé lors du bal d’hiver à Crépol en novembre 2023, et sur la forte récupération politique qui a suivi. L’enquête décrit en détail « l’emballement médiatico-politico-judiciaire » qui a enflammé l’affaire, tout en donnant les prénoms de certaines personnes mises en cause.
Mais la publication du livre a ravivé de profondes tensions. Sur les réseaux sociaux, certains dénoncent une forme de condescendance : « Ce journalisme parisien bobo qui croit qu’il n’y a que Paris et les grandes villes en France qui sont intéressantes », accuse notamment l’association des victimes du bal de Crépol, fondée en février dernier et composée de proches de Thomas, de représentants de la mairie et des organisateurs du bal.
L’association critique également la description du village comme un lieu « austère et taiseux », où « des gens qui vivent là depuis 20 ans ne sont pas intégrés ». « Les victimes se taisent, donc c’est facile de dire n’importe quoi. Honte à vous », peut-on lire sur leur page Facebook.
La maire de Romans-sur-Isère, Marie-Hélène Thoraval, a elle aussi réagi dans Le Figaro, estimant que « les propos des auteurs blessent ici à un point inimaginable ».
Pour rappel, dans la nuit du 18 au 19 novembre 2023, Thomas, un lycéen de 16 ans, a perdu la vie à la suite d’une altercation violente lors d’un bal à Crépol, petit village de la Drôme. Trois autres jeunes avaient été gravement blessés. Très rapidement, des témoignages avaient évoqué un mobile raciste, avançant que les agresseurs, venus du quartier de la Monnaie, auraient ciblé « des Blancs », déclenchant un fort écho politique. L’extrême droite s’est emparée de l’affaire, dénonçant l’insécurité jusque dans les campagnes. À ce jour, quatorze personnes, dont trois mineurs, sont mises en examen. L’auteur des coups mortels n’a pas encore été identifié avec certitude.