Festival d’Angoulême : vers un changement de gouvernance en 2028

Le Festival international de la bande dessinée d’Angoulême, rendez-vous emblématique du neuvième art, traverse une crise de gouvernance sans précédent. Après plusieurs mois marqués par des polémiques internes et critiques ouvertes, la structure propriétaire du festival a décidé d’ouvrir une consultation en vue d’un changement d’organisation à partir de 2028.

Un contexte tendu et une gouvernance contestée

Depuis début 2025, le festival fait face à une série de révélations et de remises en question, notamment autour de la société 9e Art+, chargée de la gestion de l’événement depuis près de deux décennies. La société, accusée de pratiques commerciales contestables et d’un management toxique, a cristallisé la colère d’une partie du secteur.

Une affaire particulièrement marquante — le licenciement d’une salariée après le dépôt d’une plainte pour viol — a contribué à l’amplification du malaise. En réaction, plus de 400 auteurs, éditeurs et professionnels de la BD ont appelé à un boycott des prochaines éditions si aucune réforme structurelle n’était mise en œuvre.

Une réorganisation attendue, mais repoussée à 2028

Face à la pression croissante, l’association propriétaire du festival a annoncé le lancement d’un appel à concurrence pour choisir un nouvel opérateur dès 2028. Cette démarche vise à garantir l’indépendance culturelle de l’événement et à réaffirmer ses valeurs artistiques.

L’actuelle direction, toujours confiée à 9e Art+, continuera cependant d’assurer les éditions 2026 et 2027. Ce maintien suscite des interrogations, notamment parmi les partenaires publics et les collectifs professionnels, qui espéraient un changement plus immédiat. Le maire d’Angoulême a salué l’annonce comme un premier pas, tout en appelant à une vigilance sur la méthode et la transparence du processus.

L’association organisatrice précise que les termes de la consultation seront rédigés par ses soins, avec un jury composé de membres internes, et rendus publics dans les mois à venir.

Un tournant décisif pour l’avenir du neuvième art à Angoulême

L’enjeu dépasse la simple organisation d’un événement : il s’agit de préserver l’identité d’un festival majeur dans l’univers de la bande dessinée internationale. Depuis plus de cinquante ans, le FIBD célèbre la diversité des styles, la création indépendante, et les grandes figures du genre.

La décision d’ouvrir un nouveau cycle de gouvernance à partir de 2028 est perçue comme une rupture nécessaire pour redonner au festival sa crédibilité, sa transparence et sa vocation artistique. Reste à savoir qui prendra le relais, et comment la transition s’opérera dans un climat toujours tendu.