Le livre La Meute, paru ce 7 mai aux Éditions Flammarion, livre une plongée sans filtre dans les coulisses de La France insoumise (LFI). Signée par Charlotte Belaïch (Libération) et Olivier Pérou (Le Monde), cette enquête journalistique, fruit de deux ans d’investigation, bouscule l’image officielle du mouvement et relance le débat sur la réalité du « système Mélenchon ».
Une enquête rigoureuse sur le cœur du pouvoir insoumis
Basé sur près de 200 témoignages de militants, anciens cadres et proches du parti, La Meute vise à « comprendre l’esprit d’un système », selon ses auteurs. L’ouvrage s’attache à reconstituer les événements-clés de LFI depuis sa création en 2016, mettant en lumière des pratiques internes claniques et autoritaires.
Les 350 pages du livre dressent le portrait d’un mouvement entièrement structuré autour de Jean-Luc Mélenchon, où toute dissidence serait vécue comme une trahison, et où contestation et débat interne seraient systématiquement étouffés.
Des méthodes internes controversées
L’ouvrage révèle des dérives multiples :
- Menaces, harcèlement moral,
- Violences sexistes et propos antisémites,
- Evictions brutales d’élus ou figures du parti,
- Absence de démocratie interne, sans congrès ni élections formelles.
Le cas d’Alexis Corbière, écarté du premier cercle en 2022, illustre la brutalité de la gestion du mouvement. L’ordre de Jean-Luc Mélenchon : « Ne m’adresse plus jamais la parole. »
L’année 2024 a marqué un tournant, avec des exclusions ciblées de figures comme Clémentine Autain ou François Ruffin, refusés aux investitures. Une purge perçue comme un recentrage autoritaire, facilité par le caractère ultra-centralisé de LFI.
Des propos polémiques qui relancent les accusations
Le livre évoque également des dérapages idéologiques attribués à Jean-Luc Mélenchon. Celui-ci aurait notamment qualifié Raquel Garrido de « Merkava » (char de guerre israélien), en lien avec des propos sur « l’influence de la communauté juive en France ». Si Garrido nie tout antisémitisme au sein du parti, ces révélations alimentent une controverse durable.
Réactions : déni, contre-feu et divisions internes
Face à ces révélations, LFI riposte. Manuel Bompard parle de « fiction » et de « collage de ragots ». Mathilde Panot dénonce des « mensonges répétés ». Mais la défense de LFI peine à calmer les critiques.
À gauche, Fabien Roussel (PCF) y voit la confirmation d’un fonctionnement sectaire, tandis que Nathalie Arthaud (LO) relativise en dénonçant une « meute médiatique bien dressée ». D’anciens Insoumis, eux, confirment certaines accusations.
Raquel Garrido, évincée en 2024, parle de « méthodes staliniennes ». Alexis Corbière reconnaît un « problème de fonctionnement indiscutable » et alerte : « On ne peut pas prôner la démocratie participative tout en imposant une gestion autoritaire. »
Un ouvrage qui divise et révèle les failles du système
La Meute ne se contente pas de dresser un inventaire à charge : il interroge la cohérence entre les idéaux proclamés par LFI et la réalité de son fonctionnement interne. L’ouvrage pourrait durablement peser sur la stratégie du mouvement à l’approche des prochaines échéances électorales.
À travers une enquête minutieuse, La Meute expose les tensions internes, dérives autoritaires et stratégies de contrôle mises en place au sein de La France insoumise. Un livre qui ouvre un débat crucial sur la transparence et la démocratie dans les mouvements politiques contemporains.