À Esbly, en Seine-et-Marne, une librairie a récemment décidé de mettre en place un nouveau modèle économique pour surmonter ses difficultés. Face à la menace de fermeture définitive, La barque aux livres espère redresser la situation en introduisant des cartes d’abonnement, désormais obligatoires depuis le 1er septembre.
La librairie La barque aux livres à Esbly pourrait fermer faute de clientèle malgré un bon départ
Voilà trois ans que La barque aux livres a ouvert ses portes à Esbly, devenant la seule librairie indépendante du Val d’Europe. Située dans le centre-ville, cette enseigne littéraire, qui possède également une succursale à Ulis en Essonne, pourrait bien fermer ses portes d’ici fin septembre.
La cause ? Un manque de clientèle régulière. Lors de l’ouverture, Joël Broulou avait misé sur une économie diversifiée, renforcée par un salon de thé, et avait bénéficié d’un large soutien des 6500 Esblygeois. Cependant, l’enthousiasme initial s’est dissipé face à la réalité du quotidien. Dans une déclaration à Actu.fr, il exprime sa déception : « Les gens s’enthousiasment pour l’idée d’avoir une librairie en ville. Lorsqu’on en parle, ils trouvent ça génial. Mais ensuite, ils ne viennent pas. »
La barque aux livres en difficulté face à la concurrence des grandes surfaces et à l’augmentation des coûts
Malgré l’enthousiasme suscité par son ouverture et les conseils avisés fournis à ses clients, La barque aux livres peine à rivaliser avec les grandes enseignes du livre à proximité. En effet, à seulement 13 minutes en voiture, le Centre commercial Val d’Europe abrite la Fnac, offrant des moyens financiers et logistiques bien supérieurs à ceux de la librairie indépendante du centre-ville. De même, à 14 minutes se trouve un Cultura dans le centre commercial du Clos du Chêne.
Cette forte concurrence des grands centres commerciaux détourne une partie des clients potentiels du centre-ville, malgré l’amélioration des lignes de bus entre Jossigny et Esbly. Bien que la librairie dispose d’une base solide de 500 clients réguliers, le problème réside dans le panier moyen de la clientèle, qui s’élève à seulement 11 € ou 12 € par personne.
Face à l’augmentation des coûts énergétiques, des charges d’exploitation, des frais de transport et des loyers, ainsi qu’une marge bénéficiaire réduite à 33 %, Joël Broulou indique sur Linkedin que la vente de livres est devenue économiquement insoutenable, mettant en péril la viabilité de l’établissement.
Pour sauver sa librairie, un ancien accompagnateur de projets introduit un système d’abonnement pour augmenter les ventes
Pour sauver son commerce, Joël Broulou, ancien accompagnateur de porteurs de projets, a mis en place un système de cartes d’abonnement visant à augmenter le panier moyen de ses clients tout en préservant le prix unique du livre.
« En devenant membre, vous participez à une incroyable aventure pour maintenir des commerces de qualité ouverts dans nos villes, au nom de la culture et de la formation professionnelle », souligne-t-il sur le site internet de la librairie.
Les clients peuvent choisir parmi trois formules d’abonnement, chacune offrant un crédit équivalent au montant souscrit pour l’achat de nouveaux ouvrages. La première carte, avec un abonnement annuel de 30 €, inclut « deux livres de poche au choix en librairie, la reprise de vos livres d’occasion, l’accumulation de points à chaque passage en caisse, ainsi qu’un cadeau pour les fêtes de fin d’année ».
Pour 100 € par an, la deuxième formule propose trois livres de poche au choix, deux livres brochés, ainsi que les avantages de l’abonnement classique. De plus, cette option permet de faire un don de 40 € à la librairie, soutenant ainsi financièrement le commerce local. « C’est comme de la love money, une manière de dire : je soutiens le commerce local », précise Joël Broulou à Actu.fr.
Enfin, la carte membre à 60 € comprend 50 € de crédit pour les achats et un don de 10 € pour soutenir la librairie. Les détenteurs bénéficient de trois mois pour utiliser leur crédit tout en contribuant à la pérennité du commerce.
« Une mesure cruciale pour notre survie » : La barque aux livres rend les cartes d’abonnement obligatoires
« À partir de septembre, nos cartes d’abonnement deviendront obligatoires », annonce Joël Broulou sur LinkedIn, ajoutant : « Ce changement est crucial pour notre survie ». Cette nouvelle politique vise à garantir le paiement des deux employés, le règlement ponctuel des fournisseurs, et une meilleure gestion des stocks, ce qui devrait améliorer la satisfaction des clients.
Le fondateur de La barque aux livres se donne jusqu’à la mi-septembre pour évaluer l’impact sur les ventes. Si aucune amélioration n’est constatée, il pourrait être contraint de fermer la librairie, mettant ainsi fin à l’unique librairie indépendante du Val d’Europe.