Hermès contre Hermès : victoire du bouquiniste

Au cœur de la ville d’Izmir, autrefois connue sous le nom de Smyrne et célèbre pour son riche héritage mythologique grec, un libraire s’est retrouvé au centre d’une bataille juridique contre le géant de la mode Hermès. Le conflit a commencé lorsque Umit Nar, président de l’association des bouquinistes de Turquie, a tenté de déposer le nom de sa librairie, Bouquiniste Hermès, une enseigne qu’il utilise depuis quinze ans entre Istanbul et Izmir. Finalement, le libraire turc a triomphé dans cette bataille juridique, obtenant le droit de conserver le nom Hermès pour sa boutique.

Victoire juridique d’un libraire turc contre Hermès

Un tribunal d’Ankara a partiellement annulé une décision de TurkPatent, l’autorité turque de la propriété intellectuelle, qui interdisait à toute autre marque qu’Hermès Paris d’utiliser le nom Hermès. « Hermès est un dieu de la mythologie grecque qui appartient au patrimoine culturel de l’humanité. Il ne devrait pas appartenir à une entreprise. C’est une décision importante dans ce sens », a expliqué Umit Nar à l’AFP.

Nar a également souligné que cette divinité est étroitement liée à l’histoire ancienne de Smyrne, l’ancien nom d’Izmir, située sur la côte égéenne, où de nombreux mythes grecs ont pris place.

Un libraire turc remporte une bataille juridique contre Hermès

Il avait précédemment défendu la singularité de ses activités, soulignant l’absurdité de toute confusion possible : « Si j’avais ouvert un magasin de chaussures ou de textile sous le nom Hermès, cela aurait été compréhensible. Mais nos domaines sont tellement différents. Hermès vend des sacs de luxe à des milliers d’euros, tandis que je propose des livres d’occasion à 15 livres turques, soit environ 45 centimes d’euros. »

Le tribunal n’a pas encore publié les motifs de sa décision, a précisé Hilmi Gullu, l’avocat du libraire, qualifiant le verdict de « victoire », et de développer : « Les entreprises multinationales comme Hermès ont une politique agressive d’enregistrement des marques, au-delà de leurs propres industries. Ce verdict ouvre la voie pour dire non à ces pratiques. »

L’affaire remonte à décembre 2021, lorsque le libraire turc a tenté de déposer une marque pour sa librairie, qui existe depuis 15 ans. La maison Hermès a alors contesté ce dépôt auprès de TurkPatent, l’organisme turc de propriété intellectuelle, et a intenté un procès pour interdire à Nar d’utiliser le nom « Hermès » pour ses activités, tant physiques qu’en ligne. Le groupe de luxe arguait que la « similitude et le risque de confusion » entre les deux marques pourraient induire les clients en erreur.

Le libraire a indiqué qu’il ferait néanmoins appel de la décision, car « le tribunal n’a pas statué sur le risque de confusion entre les deux marques en termes d’audience et d’impression générale », a expliqué son avocat. « J’espère que ce verdict aidera à établir un précédent pour la protection du patrimoine culturel contre les entreprises multinationales », conclut le libraire.

La maison de mode Hermès n’a de son côté pas répondu aux demandes de commentaires de l’AFP.

Crédit image : télérama

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