En Russie, ce lundi 8 juillet, un tribunal militaire a condamné la dramaturge Svetlana Petriïtchouk et la metteuse en scène Evguenia Berkovitch à six ans de prison pour « apologie du terrorisme ». Les autorités ont utilisé comme prétexte une pièce de théâtre intitulée Finist, le clair faucon, jouée en 2020. Cette décision s’inscrit dans ce que la diplomatie française qualifie de « dérive répressive du régime russe ».
Six ans de prison pour la dramaturge Svetlana Petriïtchouk et la metteuse en scène Evguenia Berkovitch en Russie
Le procès à huis clos de la dramaturge Svetlana Petriïtchouk, 44 ans, et de la metteuse en scène Evguenia Berkovitch, 39 ans, qui s’est tenu ce lundi 8 juillet, s’est conclu par une condamnation à six années de prison pour les deux accusées.
Emprisonnées depuis mai 2023, elles étaient accusées d’« apologie du terrorisme » pour leur pièce de théâtre de 2020, intitulée Finist, le clair faucon, selon l’AFP. La sentence, proche du maximum requis par la procureure, soulève des critiques sur la sévérité de la répression sous le régime russe.
La pièce aborde des thématiques sensibles comme l’embrigadement et la radicalisation, en explorant le parcours de femmes russes influencées par des jihadistes pour rejoindre la Syrie. Svetlana Petriïtchouk avait plaidé en mai dernier devant le tribunal, affirmant que l’objectif de son œuvre était de sensibiliser et non de légitimer le terrorisme.
Répression artistique en Russie : condamnation de deux artistes critiques envers le régime de Poutine
Derrière l’accusation liée à leur pièce de théâtre, se dessine une répression de la liberté d’expression contraire à la propagande du régime de Vladimir Poutine. La metteuse en scène Evguenia Berkovitch, également poète, est connue pour ses écrits critiques sur l’offensive russe en Ukraine et ses conséquences pour les peuples ukrainiens et russes.
Les autorités russes ont pris des mesures sévères pour réduire au silence les deux artistes, les plaçant sur une liste de personnes considérées comme « extrémistes et terroristes », limitant ainsi leurs capacités financières à 10 000 roubles par mois, soit environ une centaine d’euros.
Le ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères a vivement condamné la condamnation de Svetlana Petriïtchouk et Evguenia Berkovitch, dénonçant une illustration de « la dérive répressive du régime russe » dans un communiqué publié ce 9 juillet.
« La France exprime son soutien aux voix courageuses qui ont défendu les artistes et se tient aux côtés de tous ceux qui continuent en Russie de lutter pour leurs droits et libertés, parfois au péril de leur vie. Elle rappelle à la Russie ses obligations en matière de droit international et de respect des droits et libertés fondamentaux, et l’exhorte à libérer immédiatement et sans conditions tous les prisonniers politiques », a ajouté le Quai d’Orsay.
Rapport de l’ONU : la répression culturelle en Russie sous le feu des critiques
En septembre 2023, lors de la 54e session du Conseil des droits de l’homme, l’ONU a examiné un rapport de l’experte Mariana Katzarova sur la situation des droits de l’homme en Russie.
Mariana Katzarova, ancienne journaliste en Bulgarie, a mis en lumière les tactiques variées utilisées par le pouvoir russe pour renforcer son contrôle, notamment « la diversité des tactiques destinées à contrôler l’expression artistique et à décourager la dissidence politique des figures culturelles ». Ces stratégies incluent des procédures administratives et judiciaires à des fins politiques, l’annulation d’interventions publiques, ainsi qu’un contrôle accru de l’État sur les institutions culturelles.
L’usage du terme « agent étranger » par l’État russe, qui impose diverses mesures sous peine de poursuites et d’amendes, comme l’obligation de mentionner ce statut avant toute intervention publique, est parmi les outils de cette répression.