Dans un communiqué daté du 22 avril, la rédaction de Marianne a annoncé que Denis Olivennes, président du conseil de surveillance du groupe CMI, a confirmé l’intention de l’actionnaire Daniel Kretinsky de vendre le journal. Selon La Lettre, la récente prise de position “souverainiste radicale” de Natacha Polony aurait été jugée trop encombrante par le milliardaire tchèque, qui est europhile et libéral.
Denis Olivennes précise les conditions pour la reprise de Marianne et assure un suivi rigoureux par les instances internes
Denis Olivennes, lors de ses échanges avec les journalistes de Marianne, a défini les critères pour la reprise de l’hebdomadaire, visant à garantir son “indépendance éditoriale et sa viabilité économique”. Ces critères comprennent la préservation de la ligne éditoriale du journal, le maintien de la direction actuelle, la protection de l’autonomie de la rédaction, ainsi qu’un soutien financier continu. Il a également affirmé qu’aucun obstacle n’était perçu quant à la surveillance de ces conditions par le Comité social et économique (CSE) et la Société des rédacteurs de Marianne (SRM).
En outre, Denis Olivennes a souligné l’engagement de Daniel Kretinsky à soutenir Marianne jusqu’à ce que les négociations aboutissent. Le CSE et la SRM surveilleront attentivement pour s’assurer que le groupe CMI, Daniel Kretinsky et le futur acquéreur respectent ces engagements, selon le communiqué. Rappelons que le journal est sous l’égide de CMI depuis 2018.
Marianne : de son héritage fondateur à ses défis actuels, une évolution tumultueuse
L’hebdomadaire Marianne, lancé en 1997 par Jean-François Kahn et Maurice Szafran, a vu son orientation politique évoluer de la gauche républicaine vers une position souverainiste plus marquée à droite sous la direction de Natacha Polony, suite à son acquisition par le milliardaire tchèque Daniel Křetínský en 2018.
En début d’année 2017, la société éditrice du magazine a été placée en redressement judiciaire dans le but de résoudre un passif de 3 millions d’euros.
Répondant à cette situation, le média, qui compte 55 cartes de presse, a lancé en mars une nouvelle formule, caractérisée par une pagination réduite de moitié et une baisse de prix de 4,40 euros à 3,50 euros.
Ce repositionnement a été couronné de succès, avec une augmentation des ventes au numéro et un regain d’abonnements papier et numériques, selon CMI France. En 2023, Marianne a atteint un tirage de 129 000 exemplaires, enregistrant une baisse de 1,3 % par rapport à l’année précédente, selon l’Alliance pour les chiffres de la presse et des médias (ACPM).
Cependant, le magazine reste en retrait par rapport à ses concurrents, comme souligné récemment par l’AFP : Le Point (291 000 exemplaires, -1,5 %), L’Obs (190 000, -7 %) et L’Express (144 000, -5 %). En 2022, Marianne a subi une perte de 3 millions d’euros pour un chiffre d’affaires de 12 millions d’euros.