Au cœur de la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet (BJD), située sur la place du Panthéon à Paris, se cachent des allégations de recel, une gestion vivement critiquée, des employés dépassés et même le tragique suicide d’une directrice adjointe. Malgré une enquête policière en cours, l’établissement patrimonial a rouvert partiellement ses portes ce lundi 19 juin.
Scandale et tragédie : Les sombres secrets de la Bibliothèque Doucet
Les premières alertes ont été soulevées à la fin des années 2010 par les employés de la Bibliothèque Doucet, un établissement patrimonial rattaché à la Chancellerie des universités de Paris depuis 1972. En 2018, un rapport de l’Inspection générale des bibliothèques a officiellement révélé des problèmes liés à l’espace restreint des locaux, ainsi que des irrégularités dans le traitement des documents, en particulier ceux provenant du legs de Jean Bélias, réalisé en 2010.
À la fin de l’année 2022, un article du Monde a révélé l’ouverture d’une enquête par l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR) suite à une plainte pour vol, après la découverte d’un document du legs Bélias lors d’une vente aux enchères. Lors de cette vente, deux pièces étaient proposées par Marie-Christine Jacquot, qui est en réalité le nom de jeune fille de Marie-Christine Lesiewicz, la mère de Sophie Lesiewicz, directrice adjointe de la bibliothèque.
Sophie Lesiewicz a affirmé être victime d’un harcèlement de la part d’un groupe d’employés de la bibliothèque, tandis que la directrice Isabelle Diu s’est dite choquée par ces révélations. Le lendemain de la parution de l’article du Monde, le 18 octobre, Sophie Lesiewicz, qui avait récemment pris le poste de responsable du service patrimoine à la bibliothèque de l’Institut national d’histoire de l’art (INHA) en 2021, a tragiquement mis fin à ses jours. Quelques heures plus tard, la Bibliothèque Doucet a fermé ses portes indéfiniment.
Réouverture partielle de la Bibliothèque Doucet
La Bibliothèque Doucet rouvre ses portes le 19 juin, mais de manière restreinte et sur rendez-vous, marquant ainsi le début d’une phase de transition attendue et essentielle, comme annoncé sur le compte Twitter de l’institution.
Soumis à une enquête administrative et judiciaire, l’établissement est actuellement placé sous une administration provisoire dirigée par Fabien Oppermann, inspecteur général de l’éducation, du sport et de la recherche.
Selon ses déclarations au Parisien, Fabien Oppermann a exprimé son intention de reconstituer entièrement l’équipe de la bibliothèque. Il a souligné que “rassembler à nouveau les personnes qui travaillaient ensemble jusqu’au 17 octobre présenterait un nouveau risque dramatique”. Cette analyse ne fait évidemment pas consensus parmi les principaux intéressés, qui sont désormais représentés par un avocat.
Quant à la procédure judiciaire résultant de la plainte pour vol, elle devrait débuter le 24 janvier 2024.
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